samedi 19 octobre 2013

SPICILÈGE (CAHIERS MARCEL SCHWOB) N° 2 - 2009

N° 2 -Septembre 2009
[Date de publication : Septembre 2009 - Couverture : Imprimée en noir sur papier blanc (Titre, Sous-Titre, Numéro, Date, Illustration en noir couvrant le dos) - 2e de couverture : Sous-Titre, Mention de périodicité ("Publication annuelle de la Société Marcel Schwob"), Adresse, Directeurs de la Publication, Comité de rédaction, Correspondants étrangers, Réalisation de la maquette, Vente au numéro, ISSN - 3e de couverture : Société Marcel Schwob (site, Fondation, But, Conseil d’Administration, Adhésion) - 4e de couverture : Suite de l'illustration, signature autographe de Marcel Schwob - Page [1] : muette - Page [2] : muette - Page [3] : Faux-Titre (Titre, Sous-Titre, Numéro, Illustration représentant une main tenant un livre ouvert, Année, Éditeur [Édites par la Société Marcel Schwob], Paris) - Page [4] : Frontispice (reproduction de la couverture des Vies imaginaires aux éditions G. Crès) - Page [90] : muette - Page [100] : muette - Page [106] : muette - Page [112] : muette - Page [120] : muette - Page [128] : Achevé d'imprimer, Imprimeur - Page [129] : muette - Page [130] : Contributeurs - Page [131] : muette - Page [134] : Page promotionnelle pour Retours à Marcel Schwob / D'un siècle à l'autre (1905-2005) sous la direction de Christian Berg, Alexandre Gefen, Monique Jutrin et Agnès Lhermitte (publié aux PUR) - Pagination : 134 pages]
Sommaire
Agnès Lhermitte : Éditorial, article (p. [5]-8)
DOSSIER VIES IMAGINAIRES
(p. [9]-[60])
Bruno Fabre : La genèse d'un recueil : Vies imaginaires de Marcel Schwob, article [en regard de la première page de l'article, reproduction (p. [10]) d'une page du "brouillon de la préface de Vies imaginaires"] (p. [10]-19)
Félix Labisse : Clodia, matrone impudique, dessin [daté "1946"] (p. [20])
Robert Ziegler : L'art de l'amour et de la discorde dans Vies imaginaires de Marcel Schwob, article [adapté et traduit de l'américain par Hans Bosma et Bruno Fabre] (p. [21]-34)
Elena Folloni : La mémoire dans Vies imaginaires, article [texte français revu par Agnès Lhermitte] (p. [35]-45)
René Aussourd : Vies imaginaires, d'après le dessin de G. Barbier, reliure [datée "1929"] (p. [46])
Agnès Lhermitte : Vies imaginaires illustrées, article [à propos des éditions illustrées par Félix Labisse, par Ricardo Godoy et des Portraits imaginaires - avec reproduction d'illustrations : "Paolo Uccello, peintre" par Labisse (p. [50]), "Uccello : Portrait du peintre par lui-même" (p. [51]), six dessins de Ricardo Godoy pour "Paolo Uccello, peintre" (p. [52]-[53]), deux portraits imaginaires : "Le poète haineux" et "Le peintre" (p. [53]), sept portraits imaginaires (p. 55)] (p. [47]-59)
Ricardo Godoy : 1894, Annonce le cycle des "Vies imaginaires", dessin [pour un projet de biographie illustrée] (p. [60])
RÉSONANCES
(p. [61]-99)
Ricardo Godoy : 1894, Marcel Schwob et Léon Daudet, dessin [projet de biographie illustrée] (p. [62])
Maria José Barrios Castro, Francisco Garcia Jurado : Clarin, Schwob et l'esthétique du conte latin [traduit de l'espagnol par Nicole Hébrard] (p. [63]-79)
Ricardo Godoy : Vies imaginaires, dessin (p. [80])
Agnès Lhermitte : Yann Gaillard et Marcel Schwob, article (p. [81]-85)
Ricardo Godoy : Pétrone, romancier, dessin (p. [86])
Agnès Lhermitte : Pétrone et Bartleby, article (p. [87]-89)
Agnès Lhermitte : Mac Orlan : de la vie imaginaire à l'aventure passive, article (p. [91]-92)
Agnès Lhermitte : Portrait imaginaire, liaison triangulaire (Schwob, Bofa, Mac Orlan), article [reproduction de la dédicace de Bofa à Mac Orlan sur l'exemplaire de Synthèses littéraires et extra-littéraires (p. [94])] (p. [93]-96)
Agnès Lhermitte : Le cure-dent ou l'étrange circulation d'un biographème, article (p. [97]-99)
DOCUMENTS
(p. [101]-119)
Ricardo Godoy : Erostrate, incendiaire, dessin (p. [102])
Bruno Fabre : Un brouillon inédit de la vie d’Érostrate, article (p. [103]-105)
Bruno Fabre : Un fragment du manuscrit de la vie du Major Stede Bonnet, article (p. [107]-108)
Bruno Fabre : Charles Maurras, lecteur de Vies imaginaires, article [citation in extenso de l'article de Maurras paru dans la Revue encyclopédique du 6 mars 1897] (p. [109-111)
Bruno Fabre : [Bibliographie] : Éditions de Vies imaginaires (p. [113]-114) ; Traductions de Vies imaginaires (p. [115]-119), bibliographie (p. [113]-119)
A[gnès]. L[hermitte]., B[runo]. F[abre]. : Glanures [Cœur double, Le Livre de Monelle, présentation de Jean-Pierre Bertrand ; Contes symbolistes, volume I, Bernard Lazare, Le Miroir des légendes - Marcel Schwob, Le Roi au masque d'or, présentée par Bertrand Vibert - signés A. L. (p. [121]) ; Marcel Schwob, antiguos imaginarios, Francisco Garcia Jurado - signé B. F. (p. [121]-122) ; Le roman symboliste : un art de l'"extrême conscience", Valérie Michelet-Jacquod - signé A. L. (p. 122-123) ; Cahiers Octave Mirbeau, Pierre Michel (dir.), n° 16, 2009 - signé B. F. (p. 123) ; Jean Lorrain, produit d'extrême civilisation, ouvrage dirigé par Jean de Palacio et Eric Walbecq - signé A. L. (p. 124) ; Actualité de Remy de Gourmont, Vincent Gogibu et Nicolas Malais (dir.) - signé B. F. (p. 124-125) ; L'Europe des Revues (1880-1920), Evanghelia Stead et Hélène Védrine - signé A. L. (p. 125) ; L’Œil Bleu, Revue de littérature, XIXe-XXe, Nicolas Leroux (dir.), n° 9 - signé B. F. (p. 125-126) ; Soutenances de Thèse : Julien Schuh, Alfred Jarry - Le Colin-Maillard cérébral. Étude des dispositifs de diffraction du sens, dir. Bertrand Marchal, octobre 2008 - p. 126 ; Alexia Kalantzis, Remy de Gourmont créateur de formes. Genres littéraires et modernisme à l'aube du XXe siècle, dir. Dominique Millet-Gérard, novembre 2008 - (p. 126-127) signés A. L. et B. F. ], comptes rendus (p. [121]-127)
*** : Table des Matières (p. [132]-[133])
Document
"Éditorial"
L’œuvre de Marcel Schwob n'est pas une annexe du Musée Grévin. Empédocle, Cratès, Paolo Uccello, le Capitaine Kid, ces mannequins ne sont pas morts et nous les voyons aux prises avec les difficultés de la vie. Une biographie de Marcel Schwob possède pour moi les mêmes qualités d'évocation qu'un haï-kaï d'un poète japonais ou d'un poète français, Jean Paulhan, Paul Éluard.
La NRF, aujourd'hui centenaire, présentait ainsi, le 1er janvier 1922 sous la plume de Georges Gabory, la réédition de Vies imaginaires, en tirant résolument l'ouvrage vers la modernité. De façon moins sérieuse, sa vogue dans les années vingt est attestée par le détournement lubrique des Vits imaginaires (1926) de Claudinet (Claude Roger-Marx). Mais c'est à la fin du XXe siècle que le recueil de Schwob a véritablement trouvé dans la bibliothèque universelle la place que lui avait préparée Borges. Il est devenu à la fois l'objet de nombreuses études théoriques, qui l'érigent en modèle générique, et un ferment fictionnel productif. En 2004, la revue Otrante intitulait "Vies imaginaires" un numéro consacré à l'essor du genre à partir des années 1980, tandis que l'Université Stendhal de Grenoble organisait un colloque sur les "Fictions biographiques" aux XIXe-XXIe siècles. On se souvient d'autre part que Pierre Champion, le premier biographe de Schwob, commençait ainsi sa préface : "Sans doute, c'est une vie imaginaire qu'il eût fallu écrire de Marcel Schwob." Trois quarts de siècle plus tard, Sylvain Goudemare assimilait dans sa propre biographie, Marcel Schwob ou les vies imaginaires, la vie de l'auteur et celle de ses personnages. Car, comme l'écrit Georges Trembley dans l'introduction de son essai, "Il est permis de rêver à ce qu'eût été la biographie de Schwob si nous n'avions, pour composer sa "vie", que le témoignage de ses propres œuvres(1)". Voici, pour mémoire, la forme qu'il donne aussitôt à ce rêve :

Marcel Schwob naquit aventurier. Mais étant de santé fragile, il lut des livres. Ayant lu beaucoup de livres, il fit ce que font en général les aventuriers qui ont lu des livres : il devint érudit et en écrivit lui-même. Fut-il un voyou ? On ne peut l'affirmer. La tradition qui le représente comme un "dangereux repris de justice" - un assassin peut-être ? - est probablement exagérée, et il est presque avéré que, condamné à mort, il n'a pas couché la veille de son exécution avec la fille de son bourreau. Il est exact qu'il semble avoir eu une passion malsaine, perverse, en tout cas étrange, pour les petites filles et les prostituées, surtout lorsqu'elles étaient l'une et l'autre. Mais cette passion était empreinte de tant de piété - de pitié - que ses crimes supposés se confondent avec des actes de tendresse. S'il aimait les enfants, c'est qu'il l'était lui-même. Comme les enfants et les criminels, il aimait les couleurs brutales, entre toutes le rouge : couleur de nos jouets d'enfant et du couperet tombé... On ne sait à quel âge il devint pirate. Les Archives de la Bibliothèque nationale, trésors dont il conquit l'une après l'autre l'île, n'ont retenu de ses incursions que des traces statistiques. Mais on a la certitude tangible qu'il les mit à sac plus d'une fois, avec une joie féroce. Un jour, après maintes aventures, il disparut du côté de l'Est, où sa trace s'est perdue. D'aucuns prétendent l'avoir revu à Paris, égrotant, entouré d'une petite cour d'hommes de lettres et rêvant aux honneurs d'une confortable chaire de professeur au Collège de France - et qui sait, plus tard l'Académie française ? Une telle supposition fait sourire : chose si invraisemblable est-elle possible ? Un moment de réflexion nous convainc que non. Le valétudinaire qui mourut un dimanche de février 1905 dans un modeste appartement de la rue Saint-Louis-en-l'Île, emporté par la plus banale des grippes, n'est assurément pas Marcel Schwob. Celui-ci, depuis longtemps, avait rejoint Monelle, la petite vendeuse de lampes, trouvée, disparue et retrouvée bien vivante dans la chair de Louvette.

Mimétisme et/ou mise en abyme, il semble qu'on ne puisse approcher cet écrivain "de légende" sans brouiller à son tour les cartes : vie et œuvre, lectures et rêves, auteur et personnage... Il devient ainsi le héros du Capitaine écarlate (2000), la bande dessinée d'Emmanuel Guibert et David B., le déclencheur des Morts imaginaires (2003) de Michel Schneider, et en fin le protagoniste d'une des trois Vite congetturale (2008) - quoique plus sagement véridiques - de Fleur Jaeggy. Cette vitalité nous a incités à consacrer à Vies imaginaires l'ensemble de ce numéro.

Le DOSSIER montre la dimension internationale de l'intérêt suscité par l'ouvrage, ainsi que la diversité de ses approches. Bruno Fabre, qui a consacré sa thèse (Cf. Spicilège n° 1) à la généalogie, au palimpseste et à la poétique du recueil, présente ici la genèse de celui-ci. Robert Ziegler et Elena Folloni développent deux lectures interprétatives axées sur un couple de concepts antinomiques : de même que Schwob parlait de terreur et pitié, ou encore de différence et ressemblance, il est question ici respectivement d'amour et de discorde, puis de mémoire et d'oubli. Le principe d'Empédocle explore notamment les profondeurs mythiques et psychanalytiques du recueil. Enfin une présentation rapide des éditions illustrées de Vies imaginaires montre la lecture qu'en proposent les choix des artistes. C'est le dernier d'entre eux, Ricardo Godoy, qui illustre admirablement ce dossier.

Les RÉSONANCES rencontrées par Vies imaginaires se multiplient depuis plus d'un siècle. Francisco Garcia Jurado compare la vie de "Lucrèce, poète" et celle de Varius dans un des Cuentos morales de l'Espagnol Clarin (1895). La "synthèse littéraire" de Marcel Schwob par Gus Bofa permet de saisir non seulement l'admiration empathique du dessinateur, mais aussi celle du dédicataire, le romancier Mac Orlan, véritable "continuateur de Marcel Schwob". Plus récemment, trois écrivains se sont fait, explicitement ou non, les émules de Schwob : Yann Gaillard a écrit six séries de "morts illustres", Enrique Vila-Matas a paraphrasé la vie de "Pétrone" dans Bartleby et compagnie, tandis que Jean-Yves Lacroix a démontré avec Le Cure-dent la vitalité de la biographie imaginaire concentrée sur des biographèmes insolites.

Des DOCUMENTS viennent compléter ce tour d'horizon : un manuscrit inédit sur les sources, le premier état d'un récit, une critique qui restitue l'esprit de l'époque, ainsi qu'une bibliographie des éditions et des traductions de l'ouvrage.

La même année que Vies imaginaires paraissait La Croisade des enfants, un autre ouvrage sériel admiré pour sa poétique originale et promis à nombre de transpositions. Il constituera le noyau du prochain numéro de Spicilège, axé sur la présentation de l'exploitation musicale des récits schwobiens. Avis aux gens intéressés par ces sujets ou désireux de faire des propositions...
(1) Georges Trembley, Marcel Schwob, faussaire de la nature, Ann Arbor, 1966, Genève, Droz, 1969, p. 2.
Agnès LHERMITTE
Le numéro 2 de Spicilège - Cahiers Marcel Schwob est accompagné d'un tiré à part du fac-similé du manuscrit de la préface à Vies imaginaires.
Supplément à Spicilège n° 2 - tirage à 150 ex.

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