samedi 26 octobre 2013

CAHIERS BENJAMIN PÉRET N° 1 - SEPTEMBRE 2012

[Titre : CAHIERS BENJAMIN PÉRET - Sous-Titre : Revue de l'Association des amis de Benjamin Péret - Dates de publication : Septembre 2012 (n° 1) à ... - Périodicité : Annuel - Lieu de publication : Lyon - Format : 250 x 180 mm - Fait suite à : Trois cerises et une sardine (bulletin) qui devient un bulletin d'information de l'Association des Amis de Benjamin Péret - Couverture (à rabats) : imprimée en marron sur papier glacé gris ; l'angle supérieur droit change de couleur selon le numéro - Pagination :  variable, 132 à 140 pages - Prix et abonnements : Le Numéro = 20 € ; Adhésion à l'Association des Amis de Benjamin Péret (membre bienfaiteur) = à partir de 50 € ; (membre actif) = 25 € - Directeur de la publication : Gérard Roche - Secrétaire de direction : Jérôme Duwa - Secrétariat de rédaction : Jean Bazin (Paris), Gérard Durozoi (La Madeleine), Jérôme Duwa (Nevers), Guy Prévan (Paris), Dominique Rabourdin (Paris), Gérard Roche (Lyon) - Comité de rédaction : Les membres du secrétariat de rédaction ainsi que Leonor Lourenço de Abreu (Bruxelles) [à partir du n° 2], Patrice Allain (Nantes), Francesco Cornacchia (Altamura), Claude Courtot (Paris), Guy Ducornet (Puy Notre-Dame) [pour le n° 1], Jean-Michel Goutier (Bonneuil-sur-Marne), Jean-Pierre Lassalle (Tournefeuille), Maria Lopo (Santiago de Compostelle), Robert Ponge (Porto Alegre), Virginie Pouzet-Duzer (Claremont), Richard Spiteri (Malte), Masao Suzuki (Tokyo) - Collaborateurs : Leonor de Abreu, Patrice Allain, Lourdes Andrade, Carole Aurouet, Jean Bazun, Jean-Louis Bédouin, Robert Benayoun, Michel Boujut, Gabriel Bounoure, Joë Bousquet, Juan Brea, Claude Briantais, Léa Buisson, René Char, Michel Ciment, Claude Courtot, Jacques Demarcq, Pierre Demarne, Gérard Durozoi, Bruno Duval, Jérôme Duwa, Paul Éluard, Josep Miguel Garcia, Gunther Gerszo, Jean-Michel Goutier, Eugenio Granell, Daniel Guérin, Augustin Guillamon, Thomas Guillemin, Dietrich Hoss, Michel Jacubowski, Édouard Jaguer, Adonis Kyrou, Jean-Pierre Lassalle, Gérard Legrand, Maurice Lemaître, Lucien Logette, Maria Lopo, Mary Low, Michael Löwy, Mikaël Lugan, Pierre Mabille, Elodie Nel, André Pieyre de Mandiargues, Alain Paire, Benjamin Péret, Robert Ponge, Virginie Pouzet-Duzer, Guy Prévan, Alejandro Puga, Gaëlle Quemener, Dominique Rabourdin, Gérard Roche, Jean Schuster, Michel Sidoroff, Jean-Claude Silbermann, Richard Spiteri, Rachel Stella, Masao Suzuki, Charlotte Vaisse [trad.], Michel Zimbacca - Illustrateurs : Jean-Loui Bédouin, Guy Brissaud, Agustin Cardenas, Oscar Dominguez, Esteban Francés, Gilles Ghez, Alberto Gironella, Eugenio Granell, Antoni G. Lamolla, Sousse Ohana, Jules Perahim, Benjamin Péret, José Guadalupe Posada, Gérard Roche, Guy Roussille, Gabriel Sarraute, Max Shoendorff, Rufino Tamayo, Claude Tarnaud, Remedios Varo - Réalisation de la maquette : Renaud Buénerd - Adresse : Association des Amis de Benjamin Péret, 50, rue de la Charité, 69 002 Lyon - ISBN : 978-2-9535676-1-8 - ISSN : 2264-8445 - Imprimeur : Graphiscann, Lyon]
 N° 1 - Septembre 2012
[Date de publication : Septembre 2012 - Couverture à rabats : Imprimée en marron sur papier glacé gris (Titre dans un coin corné [en trompe-l’œil] marron clair laissant apparaître le coin supérieur droit bleu clair) - 2e de couverture : muette - 1e rabat : Date, Numéro, Sommaire, Prix, Éditeur, Adresse, ISBN, EAN, Code-barre - 3e de couverture : muette - 2e rabat : L'Association des amis de Benjamin Péret / Association fondée en 1963 pour défendre la mémoire du poète et assurer le rayonnement de son œuvre. / Elle publie les Cahiers Benjamin Péret et s'emploie à organiser des manifestations contribuant à accroître son audience. / L'association a édité les Œuvres complètes de Péret aux éditions Losfeld et Corti. / Association des amis de Benjamin Péret / 50, rue de la Charité 69002 Lyon / http://www.benjamin-peret.org/ - 4e de couverture : "Jamais les mots et ce qu'ils désignent, échappés une fois pour toutes à la domestication, n'avaient manifesté une telle liesse" écrit André Breton à propos de l’œuvre de Péret. Avec Péret, la poésie, l'humour, la révolte coulent de source. Affranchi de toute sujétion, son langage est celui de la liberté, condition indispensable à l'essor du merveilleux poétique. / "Si l'on cherche la signification originelle de la poésie, aujourd'hui dissimulée sous les mille oripeaux de la société, on constate qu'elle est le véritable souffle de l'homme, la source de toute connaissance et cette connaissance elle-même sous son aspect le plus immaculé." / Benjamin Péret - Dos : Titre, Numéro, Date - Page [1] : Faux-titre (Titre, Date, Numéro) - Page [2] : Titre, Sous-Titre, Site internet, Directeur de publication, Secrétaire de direction, Secrétariat de rédaction, Comité de rédaction, Vente au numéro, Adhésion à l'association, Adresses ("Les courriers et règlements sont à adresser à : / Gérard Roche, Association des amis de Benjamin Péret, 50, rue de la Charité, 69 002 Lyon. (rochegerard@wanadoo.fr)" / "Pour l'envoi d'articles, notes de lectures, s'adresser à / Jérôme Duwa, 17, rue Jeanne d'Arc 58000 Nevers (jerome.duwa@wanadoo.fr) / Modalités de règlement / Coordonnées bancaires / Conception graphique - Page [3] : Sommaire - Pages [130-131] : Publications et Actualités (Benjamin Péret et les Amériques : Couverture, Sommaire, Règlement ; Trois cerises et une sardine / bulletin de l'Association des amis de Benjamin Péret / Trois cerises et une sardine (28 numéros parus depuis 1995) a publié un grand nombre de documents inédits de Benjamin Péret (textes, poèmes, correspondances)... / Commande à l'association ; Benjamin Péret : Œuvres complètes [7 tomes] / Les adhérents de l'Association des amis de Benjamin Péret peuvent acquérir les Œuvres complètes avec une réduction de 50 %, éditeur [José Corti] ; Seven Doc / Collection Phares / Une collection de coffrets livre + DVD consacrée aux artistes du mouvement surréaliste / ... / Commande à Seven Doc...) - Page [132] : Achevé d'imprimer - Pagination : 132 pages]
Sommaire
Gérard Roche : Présentation (p. [4]-[5])
DOSSIERS
(p. [6]-49)
AUTOUR DU GRAND JEU
(p. [6]-29)
Gilles Ghez : ["La chair humaine"], dessin [d'après le poème "La chair humaine" dans Le Grand Jeu de Benjamin Péret - daté "2012"] (p. [7])
Jérôme Duwa, Gérard Roche : Présentation, article [photographie (p. 10) de la dédicace de Péret et Éluard à Jean Paulhan sur 152 proverbes mis au goût du jour] (p. 8-[10])
Joë Bousquet : [Archives :] Le Grand Jeu, par Benjamin Péret (N.R.F.), compte rendu [Article de Joë Bousquet initialement paru dans Les Cahiers du Sud, n° 104, août-septembre 1928] (p. 11)
Gabriel Bounoure : [Archives :] Le Grand Jeu, par Benjamin Péret (N.R.F), compte rendu [Article de Gabriel Bounoure initialement paru dans la Nouvelle Revue Française, n° 182, 1er novembre 1928] (p. 12)
Paul Éluard : Carte postale à Joë Bousquet suivie d'une lettre à Benjamin Péret, lettres [datées respectivement du "8 novembre 1928" et du "9 novembre 1928"] (p. 13)
Joë Bousquet : Note, note [parue dans le n° 6 de Chantiers à propos de l'article de Bounoure] (p. 14)
Benjamin Péret : Brouillon d'un projet de réponse à Gabriel Bounoure, article [en regard (p. 15), photographie représentant Gabriel Bounoure, Odile Bounoure, Antoine Tabet et Georges Schéhadé à Beyrouth vers 1930] (p. 14)
Alain Paire : Joë Bousquet, le Surréalisme et les Cahiers du Sud, article [en regard (p. [16]), photographie prise par Gabriel Sarraute représentant Joë Bousquet dans sa chambre en 1944 - daté "août 2011"] (p. [17]-21)
Claude Courtot : A propos de Joë Bousquet et André Gaillard, article sous forme de journal [illustré d'une photographie d'André Gaillard à Marseille (p. 22) - daté "13, 14, 15 mars 2008" - extrait de Claude Courtot, Chronique d'une aventure surréaliste, L'Harmattan, 2012, tome IV] (p. 22-23)
Dominique Rabourdin : Mandiargues admirateur et défenseur de Péret, article [en regard de la dernière page de l'article, reproduction pleine page (p. [27]) du Portrait photographique de Benjamin Péret dans Le Grand Jeu (1928)] (p. 24-26)
André Pieyre de Mandiargues : Le temps, comme il passe Benjamin Péret, article [article initialement paru dans la N.R.F. du 1er novembre 1959 - reproduction (p. [29]) de la couverture du recueil de Péret] (p. 28-[29])
COMPAGNONS D'ARMES DE BENJAMIN PÉRET EN ESPAGNE
(p. [30]-49)
*** : Mary Low, Juan Brea et Olga Loeillet en Espagne en 1936, photographie (p. [31])
Gérard Roche : Présentation, article (p. 32)
Augustin Guillamon : Trois erreurs fréquentes au sujet de Benjamin Péret, article (p. 33)
*** : [Archives :] L'écrivain français B. Péret se fait enrôler dans nos milices, article [paru initialement dans POUM, Madrid, 28 août 1936 - illustré d'une reproduction d'un numéro du Bulletin d'information du POUM dirigé par Mary Low et d'une photographie représentant "un groupe de bolcheviques-léninistes à Barcelone" avec, notamment Péret, Low et Brea] (p. [34])
Benjamin Péret : [Archives :] Une nuit d'alerte, article [texte original inédit en français] (p. [35])
Josep Miguel Garcia : Benjamin Péret et José Viola, article [traduit de l'espagnol par Charlotte Vaisse - illustré d'une photographie représentant José Viola, Remedios Varo et Esteban Francés dans les années trente à Barcelone (p. 37),  d'une photographie de "Guerre" (1936), sculpture d'Antoni G. Lamolla (p. [38]), d'un cadavre exquis de Remedios Varo, Oscar Dominguez et Esteban Francés (p. [39])] (p. [36]-[39])
Gérard Roche, Mary Low : Entretien [illustré d'une photographie de Mary Low par Gérard Roche, datée "août 1994", et d'une autre représentant les "Membres de la 7e colonne durant la veillée funèbre de Durutti, novembre 1936" (p. [42]-43) - entretien daté "Lyon le 15 juin 1997"] (p. 40-43)
Édouard Jaguer : [Archives :] Mary Low et Juan Brea, préface [à La Saison des flûtes, Arabie-sur-Seine, 1987 - daté "janvier 1984"] (p. 44-45)
Mary Low : [Archives :] Juan Brea, poète et révolutionnaire [daté "Miami 1991" - en pied de page [47], Élégie pour Andrés Nin d'Eugenio Granell (1991)] (p. 46-[47])
Mary Low : Chanson pour Andrés Nin, poème [traduit de l'espagnol par Charlotte Vaisse - illustré d'une photographie d'Andrés Nin] (p. 48)
Juan Brea : La Révolution (ma dernière fiancée), poème [extrait de Poèmes d'alors, éd. Arabie-sur-Seine, 1991 - illustré d'un Portrait de Juan Brea par Jules Perahim] (p. 49)
CORRESPONDANCES
(p. [50]-79)
*** : André Breton, Wilfredo Lam et Pierre Mabille, photographie (p. [51])
Richard Spiteri : La correspondance entre Benjamin Péret et Pierre Mabille, article [illustré d'une photographie représentant plusieurs surréalistes à Mexico (p. 54) et de Les jours de la rue Gabino Barreda, tableau de Gunther Gerszo (p. 57)] (p. 52-57)
Benjamin Péret, Pierre Mabille : Correspondance, lettres [13 lettres datées du "30 mars 1942" à 1947 (?)] (p. 58-[73])
Guy Prévan : Courrier militant / Quand Benjamin Péret menait campagne financière pour ses amis emprisonnés : correspondance avec Daniel Guérin, article [présentation et notices biographiques de Daniel Guérin, Grandizo Munis, Jaime Fernandez Rodriguez - illustré d'une photographie représentant "Jaime Fernandez et Grandizio Munis dans la prison de Santona" (p. 76)] (p. 74-76)
Benjamin Péret, Daniel Guérin : Correspondance, lettres [trois lettres de Péret à Guérin datées du "24 janvier 1953" au "19 avril [1953]", une lettre de Guérin à Péret datée du "13 février 1953", et une lettre de Guérin à José Marti datée du "24 avril 1953"] (p. 77-79)
ÉTUDES
(p. [80]-98)
Jean-Claude Silbermann : dessin [d'après Immortelle maladie de Benjamin Péret - daté "2012" - en regard (p. [80]), citation de Benjamin Péret extraite d'Immortelle maladie : "... Maintenant partons pour la maison des algues où nous verrons les éléments couverts de leur ombre s'avancer comme des criminels pour détruire le passager de demain ô mon amie ma chère peur."] (p. [81])
Claude Courtot : Benjamin Péret et le romantisme allemand, article [illustré des portraits de Bettina Brentano (p. 83) et d'Achim von Arnim (p. 84) - daté "février 2011"] (p. 82-84)
Leonor Lourenço de Abreu : Capoeira : l'ondulant nombre deux qui danse, article [illustré de photographies de capoeira (p. 87 et 88)] (p. 85-91)
Virginie Pouzet-Duzer : Benjamin Péret et Remedios Varo dans l'interstice de "la pluie d'encre", article [illustré d'un collage et de tableaux de Remedios Varo (p. 92,93, 94, 95, 97)] (p. 92-98)
DOCUMENTS
(p. [99]-103)
*** : Michel Zimbacca, Jean-Louis Bédouin et Benjamin Péret, photographie [pleine page] (p. [100])
Adonis Kyrou, Jean-Louis Bédouin, Michel Zimbacca, Jean Schuster : Cette parade sauvage, entretien [sur L'invention du monde - paru initialement dans Arts du 18 janvier 1952 - illustré d'un photogramme du film (p. [101] et 102)] (p. [101]-102)
Michel Boujut : Par des voies détournées, article [extrait de Le jour où Gary Cooper est mort, Rivages, 2011] (p. 103)
POTLATCH
(p. [104]-106)
Alejandro Puga : Jardins et Scandale, poème [A la mémoire de Benjamin Péret - précédé d'une présentation de l'auteur et chapeauté d'un hommage graphique à Benjamin Péret : "El rostro de Benjamin Péret pintado por Bartolomeo Veneto. Año 1510" - traduit de l'espagnol par Charlotte Vaisse et Annie Salager] (p. 105-106)
ACTUALITÉS
(p. [107]-129)
Dominique Rabourdin, Gérard Durozoi, Mouvement surréaliste aux États-Unis : Disparitions [Michel Boujut - signé Dominique Rabourdin (p. 108-109) ; Jorge Camacho - signé Gérard Durozoi (p. 110) ; Don Lacoss - signé Le Mouvement Surréaliste aux Etats-Unis [Traduction de Guy Ducornet] (p. 111)] (p. 108-111)
Jérôme Duwa, Virginie Pouzet-Duzer, Dominique Rabourdin, Gérard Roche, Lucien Logette : Parutions : livres, DVD... [Benjamin Péret, Je ne mange pas de ce pain là, préface de Gérard Roche, Syllepse, 2011 - signé Jérôme Duwa (p. 112-113) ; Benjamin Péret : The Leg of Lamb, its Life and Works, traduction de Marc Lowenthal, Wakefield Press, Cambridge, 2011 - signé Virginie Pouzet-Duzer (p. 113-114) ; Jean-Paul Török : André Breton ou la hantise de l'absolu, L’Écarlate, L'Harmattan, 2011 - signé Dominique Rabourdin (p. 114-117) ; Claude Courtot, Chronique d'une aventure surréaliste, 4 volumes, l'Harmattan, 2012 - signé Gérard Roche (p. 117-118) ; Peter Schamoni, Max Ernst "Mes vagabondages, mes inquiétudes", DVD, collection "Phares", dirigée par Aube Elléouët, Seven Doc, 2011 - signé Dominique Rabourdin (p. 118-120) ; Au Carrefour des mondes (1902-1946) et A la recherche de l'unité perdue (1946-1982), DVD, collection "Phares", Seven Doc - signé D. R. (p. 120-121) ; L'Invention du monde, de Jean-Louis Bédouin et Michel Zimbacca. Commentaire de Benjamin Péret, DVD, Choses vues, 2011 - signé Lucien Logette (p. 122)] (p. 112-122)
Michel Jacubowski : Revues [Supérieur Inconnu, numéro spécial Sarane Alexandrian, n° 30, septembre 2011] (p. 123)
J[érôme]. D[uwa]., M[ichel]. J[acubowski]., Claude Briantais, Michel Sidoroff : Expositions, manifestations [L'aventure de l'art abstrait. Charles Estienne, critique d'art des années 50. Musée des Beaux-Arts de Brest. Exposition du 13 juillet au 7 novembre 2011 - signé J. D. (p. 124-125) ; Le Surréalisme à Paris. 29 janvier 2012. Fondation Beyeler, Bâle-Riehen, Suisse (p. 125) ; Benjamin Péret et le centenaire du lycée Livet - signé Claude Briantais (p. 126) ; Avec Benjamin Péret, l'oreille entre les dents, L'Atelier fiction sur France Culture - signé Michel Sidoroff (p. 126-127)] (p. 124-127)
Richard Spiteri, Thomas Guillemin : Ventes [Drouot : Collection René Alleau (7 mars 2009). Bibliothèque Michel Carrouges (21 avril 2011) - signé Richard Spiteri (p. 128) ; Claude Oterelo (expert). Collection d'un historien d'art et divers. Troisième partie, Paris, Binoche et Giquello (5 et 6 avril 2012) - signé Thomas Guillemin (p. 129)] (p. 128-129)
Document
"Présentation"
Avec la parution de ce premier numéro des Cahiers Benjamin Péret, l’Association des amis de Benjamin Péret franchit une nouvelle étape de son existence. Fondée en mai 1963, soit quatre ans après la disparition du poète, cette association s’était fixée comme objectif de défendre sa mémoire et de diffuser son œuvre en commençant par l’édition des Œuvres complètes. Tâche longue et ardue, rendue difficile par la dispersion des publications, leur accessibilité et leur rareté et qui fut menée sous l’impulsion de nos précédents présidents qui se sont succédés : Robert Lebel, Jean-Louis Bédouin, et Claude Courtot.

Les Cahiers Benjamin Péret paraissent après cinquante ans d’activité d’une association uniquement motivée par le souci de maintenir vivante – et donc accessible - une des œuvres les plus singulières du surréalisme. L’objectif qu’elle s’était assignée est en passe d’être atteint : sept tomes des Œuvres complètes ont été publiés par les éditions Losfeld, pour les trois premiers tomes, puis par les éditions José Corti pour les quatre suivants. À partir de 1995, un modeste bulletin, Trois cerises et une sardine, paraissant deux fois l’an, a régulièrement publié des inédits. Il ne s’est guère passé d’année sans que de nouveaux documents ne soient découverts ou redécouverts : lettres, articles, déclarations, poèmes… La collection de Trois cerises et une sardine (vingt-huit numéros parus) offre aujourd’hui un ensemble impressionnant de ces inédits, matière future d’un ouvrage qui devrait compléter la somme des Œuvres complètes.

Un constat s’impose : alors que Benjamin Péret demeure encore aujourd’hui le moins connu des poètes surréalistes, ignoré du plus grand nombre, dédaigné des spécialistes, son œuvre n’en continue pas moins de suivre son cours souterrain telle une source tenace et vive. À contre-courant de cette ignorance et indifférence, un intérêt certes minoritaire mais têtu se dessine. De nouveaux lecteurs se manifestent, des curiosités s’affichent. On en verra indiscutablement la démonstration dans les nombreuses manifestations de ces deux dernières années, riches en publications et événements. Il convient de signaler tout d’abord les traductions successives aux Etats-Unis du Grand jeu et du Gigot sa vie et son œuvre cependant que, en France et en Allemagne, la réédition de Je ne mange pas de ce pain-là, accompagnée d’une enquête de Heribert Becker, rendait accessible le recueil incendiaire de Péret à un nouveau public. La ville de Nantes, de son côté, en fêtant l’anniversaire du lycée Livet, n’oubliait pas d’évoquer l’élève turbulent et indiscipliné que fut Péret en invitant l’Association des amis de Benjamin Péret à une lecture d’extraits de son œuvre. L’Invention du monde, le film de Jean-Louis Bédouin et Michel Zimbacca, avec un commentaire de Benjamin Péret, est désormais disponible dans une version remarquablement restaurée. Tout récemment, en février 2012, France culture a diffusé Benjamin Péret, l’oreille entre les dents, une émission de belle qualité, réalisée par Michel Sidoroff. Cette énumération, il va sans dire, significative concerne les réalisations les plus marquantes. L’Association des amis de Benjamin Péret, si elle n’est pas à l’origine de celles-ci n’en a pas moins pris part à nombre d’entre elles. Nous en rendons compte, de manière détaillée, à la fin de ce numéro.

Il ne fait aucun doute que ces différentes manifestations, dans leur diversité, comme dans leur géographie, sont autant d’indications que la poésie de Péret entre aujourd’hui en résonance avec un esprit de révolte et un appétit de merveilleux qu’une société marchande et mondialisée n’aura pas réussi à étouffer. Nous voulons y voir la justification de notre persévérance en même temps qu’un encouragement à nos efforts de la sorte récompensés. Si la poésie de Péret n’a pas vocation à devenir une mode ni un succès littéraire elle est, plus que jamais, l’antidote par excellence et le ferment d’une résistance dûment nécessaire. Cette évidente constatation ne peut que conforter notre décision de faire paraître ces Cahiers Benjamin Péret. Nous sommes toujours dans notre rôle en donnant ainsi un espace plus étendu pour mieux faire entendre la voix de Péret et permettre d’élargir son œuvre à des dimensions et de zones demeurées inexplorées.

Ces cahiers ne se veulent ni une revue de spécialistes ni l’organe d’adeptes inconditionnels. Nous entendons donner toute sa place à de nouveaux inédits comme aux recherches originales sur l’œuvre et la vie de Péret. Nous publierons ainsi régulièrement des dossiers comportant des documents d’archives autour d’un thème ou d’une œuvre précise. Nous publierons également les correspondances restées encore inédites : lettres de Péret et de ses correspondants. Nous pourrons ainsi lire dans ce premier numéro la correspondance entre Benjamin Péret et Pierre Mabille. Suivront dans les prochains numéros les correspondances avec Jean-Louis Bédouin et avec Eugenio Granell. Une part importante sera faite aux articles apportant un éclairage particulier sur l’œuvre dans ses différentes dimensions : poétique, politique, ethnographique. Nous présenterons aussi des documents inédits ou peu connus sur l’histoire du mouvement surréaliste, montrant la place et le rôle tenus par Péret dans celui-ci. Nous avons pris le parti, pour chaque numéro des cahiers, d’inviter un ami de Benjamin Péret en publiant un de ses textes ou dessin. Cette pratique du potlatch fait les bons amis. Que soient ici remerciés Gilles Ghez, Alejandro Puga et Jean-Claude Silbermann.

Dans ce premier numéro, nous avons choisi un ensemble de documents, dont des inédits, autour de la publication en 1928 du Grand jeu. Articles polémiques, lettres, autant de réactions révélatrices de la singularité du recueil de Péret dont la réception n’est pas allée de soi comme le montre le jugement critique et injuste de Gabriel Bounoure auquel répondent Joë Bousquet et Paul Eluard. Un second dossier rassemble un ensemble de textes concernant les compagnons de lutte de Benjamin Péret en Espagne au cours de la révolution et guerre civile. Là encore, les documents rassemblés à propos de Mary Low, Juan Breá, Manuel Viola, apportent une information de première main et une lumière sur ce que furent les enjeux et le sens de leur action au cœur de ces événements cruciaux de la tragédie espagnole, ce prélude à la Seconde Guerre mondiale.

Si on peut être certain que la correspondance entre Benjamin Péret et Pierre Mabille n’est pas complète, elle présente en tout cas de nouveaux inédits par rapport à une précédente publication dans la revue Pleine Marge. Elle est accompagnée d’une nouvelle introduction de Richard Spiteri qui apporte une mine de renseignements sur le séjour de Péret au Mexique. Une seconde correspondance entièrement inédite, entre Péret et Daniel Guérin, présentée par Guy Prévan, démontre que l’activité militante chez Péret n’était pas un passe-temps mais supposait un engagement total et permanent.

La plupart des articles de ce numéro illustrent notre intention de proposer des éclairages nouveaux sur l’œuvre de Péret. Il en va ainsi tout particulièrement de la contribution de Claude Courtot qui dévoile pour nous la fascination que partageait l’auteur de l’Anthologie de l’amour sublime avec les autres surréalistes pour le romantisme allemand. Leonor de Abreu, dans une analyse subtile, éclaire l’intérêt profond de Péret pour la capoeira, danse rituelle à la fois ludique et poétique. Virginie Pouzet-Duzer, dans une approche tout en nuances met à jour les relations complexes et insoupçonnées entre les images du poète et celles de l’œuvre plastique de sa compagne Remedios.

Les Cahiers Benjamin Péret resteront ouverts à toutes les informations et à toutes les recherches qui nous permettront d’avancer dans la connaissance de l’œuvre du poète. Connaissance indispensable à sa diffusion et à son rayonnement.
Gérard Roche
Président de l'Association des amis de
Benjamin Péret

vendredi 25 octobre 2013

CAHIERS FRANCIS JAMMES N° 1 - 2012

[Titre : CAHIERS FRANCIS JAMMES - Dates de publication : Décembre 2012 (n° 1) à ... - Périodicité : Annuel - Lieu de publication : Orthez - Format : 240 x 155 mm - Couverture : imprimée en noir et rouge sur papier blanc à matière - Pagination :  variable, 190 pages (pour le premier numéro) - Prix et abonnements : Le Numéro = 18 € (pour la France) ; Adhésion à l'Association Francis Jammes (membre bienfaiteur) = à partir de 50 € ; (membre actif) = 30 € - Directeur de la publication : Mikaël Lugan - Collaborateurs : Albert Beaume, Brigitte Benoist, Stéphanie Bertrand, Christian Buat, Richard Buxton, Daniel Cunin, Florence Delay, Djinn, Marie-Claire Dumas, Bruno Fabre, Fagus, Florian-Parmentier, Benjamin Fondane, Sylvie Gazagne, Denise Gellini, Vincent Gogibu, Grégory Haleux, Patricia Izquierdo, Francis Jammes, Kensaku Kurakata, Pierre Lachasse, Charles Lacoste, Jacques Le Gall, Agnès Lhermitte, Mikaël Lugan, Jean-Louis Meunier, Antoine Piantoni, Marcel Schwob, Jean-François Sené, Odile Serre, Michel Suffran, Than-Vân Ton-That, Jan van Nijlen, Shirley W. Vinall - Illustrateurs : Céline Brun-Picard, Marc Brunier-Mestas, Elisabeth Haakman, Huguette Lendel, LMG [Lolita M'Gouni] - Réalisation de la maquette : Xavier Legrand-Ferronnière (Entrelignes) - Adresse : Association Francis Jammes, Maison Chrestia, 7, avenue Francis Jammes, 64300 Orthez - ISSN : 2264-2064 - Imprimeur : ICN, Orthez]

N° 1 - Décembre 2012
1894-1914
La révolution Francis Jammes
[Date de publication : Décembre 2012 - Couverture : Imprimée en noir et rouge sur papier blanc à matière (Titre, Numéro, Illustration en noir et rouge [linogravure originale de Marc Brunier-Mestas], Éditeur ["édités par l'Association Francis Jammes"], Année) - 2e de couverture : muette - 3e de couverture : muette - 4e de couverture : Prix, ISBN, code barre, légende du Frontispice ("Linogravure originale de Marc Brunier-Mestas") - Dos : Numéro, Année, Titre, Éditeur - Page [1] : muette - Page [2] : Frontispice (linogravure originale de Marc Brunier-Mestas) - Page [3] : Faux-Titre (Titre, Numéro, Titre du Numéro ["1894-1914 / La révolution Francis Jammes"], Éditeur [Association Francis Jammes], Année) - Page [4] : Titre, Numéro, Date, Directeur de Publication, Collaborateurs du Numéro, Remerciements, Réalisation de la Maquette, Association Francis Jammes [coordonnées], Copyright, ISBN, Mentions ("Dépôt légal à parution" / "La reproduction des articles ou illustrations de ce Cahier est interdite sans l'autorisation de l’Éditeur. Seule la citation d'extraits dans des articles ou des comptes rendus est permise.") - Pages [5-6] : Sommaire - Page [44] : muette - Page [108] : muette - Page [120] : muette - Page [146] : muette - Page [150] : muette - Page [158] : muette - Page [162] : muette - Page [176] : muette - Pages 183-[185] : Liste des contributeurs - Page [186] : muette - Pages [187-188] : Association Francis Jammes / Quelques événements et activités en 2012 - Page [189] : muette - Page [190] : Achevé d'imprimer - Pagination : 190 pages]
Sommaire
Nicholas Newman : Introduction (p. 7)
LMG [Lolita M'Gouni] : [Sans titre], dessin (p. [8])
Mikaël Lugan : Avant-Propos (p. 9-12)
ÉTUDES
(p. [13]-[146])
Jean-Louis Meunier : De la province vers Paris : les chemins d'une carrière, article [en regard de la première page de l'article, reproduction (p. [14] du manuscrit du poème "à Georges Rodenbach" de Francis Jammes - sur Jammes et Rodenbach, avec retranscription de lettres de Jammes à Rodenbach] (p. 15-[24])
Bruno Fabre : Francis Jammes et Marcel Schwob : une affectueuse connivence, article (p. 25-34)
Mikaël Lugan : L’Éolien et le Magnifique, article [sur Jammes et Saint-Pol-Roux, avec retranscription d'une lettre de Saint-Pol-Roux à Jammes datée du 28 avril 1899, et d'une lettre de Jammes à Saint-Pol-Roux datée de la Noël 1904] (p. 35-[43])
Sylvie Gazagne : Francis Jammes et Paul Claudel : deux poétiques de la conversion, article [suivi d'une bibliographie (p. [58])] (p. 45-[58])
Thanh-Vân Ton-That : Marcel Proust lecteur de Francis Jammes : influences, divergences et mystères, article (p. 59-[72])
Pierre Lachasse : Francis Jammes et les revues de "jeunes" : un compagnon de route indocile, article (p. 73-[82])
Shirley W. Vinall : Francis Jammes dans les pages de l'Anthologie-Revue de France et d'Italie, article [suivi d'un "appendice" : voir ci-dessous (p. [92])] (p. 83-91)
Francis Jammes : La jeune fille à la rose, poème [à Mademoiselle Marguerite Moreno - daté "1898" - appendice de l'article précédent] (p. [92])
Vincent Gogibu : Francis Jammes, André Gide & la NRF (1909-1914), article [première partie] (p. 93-98)
Stéphanie Bertrand : "Écrire est presque toujours de la littérature" : l'art de la formule dans la correspondance de Francis Jammes, article (p. 99-[107])
Patricia Izquierdo : L'influence de Francis Jammes sur quatre poétesses contemporaines, article [sur Anna de Noailles, Marie Dauguet, Marguerite Burnat-Provins, Cécile Sauvage] (p. 109-[119])
Antoine Piantoni : "Everybody loves Francis Jammes" : la réception de Francis Jammes dans le courant moderniste anglo-américain, article (p. 121-[145])
DOCUMENTS
(p. [147]-[175])
Huguette Lendel : "Entre juin et juillet", collage (p. [148])
Francis Jammes, Marcel Schwob : Choix de lettres échangées entre Francis Jammes et Marcel Schwob, lettres [présentées (p. 149), retranscrites et annotées par Bruno Fabre - 6 lettres datant du "début juillet 1894" à "mars 1901"]  (p. 149-[157])
Christian Buat : Gourmont ou Jammes ?, article [sur un portrait photographique de Gourmont, reproduit (p. 160)] (p. 159-[161])
Richard Buxton : Francis Jammes, article [paru initialement dans The New Age, vol. X, n° 11, 11 janvier 1912 - traduction d'Antoine Piantoni] (p. 163-[170])
Kensaku Kurakata : Les traductions japonaises de Francis Jammes, article [suivi d'une bibliographie des traductions japonaises de Francis Jammes (p. 173-[175])] (p. 171-[175])
*** : Index (p. [177]-182)
Document
"Avant-Propos"
En trente ans d’existence, l’Association Francis Jammes a fait paraître 54 bulletins. Le dernier en date, célébrant le centenaire des Géorgiques chrétiennes (1), montre combien les amis du poète sont demeurés attachés à défendre son œuvre auprès d’un public fidèle. Les Cahiers, dont voici le premier numéro, n’ont pas vocation à remplacer le bulletin ; mais, plus volumineux, plus éclectiques, réunissant des études et des documents inédits ou rares, ils comblent un manque et répondent à une attente. Le dernier colloque entièrement consacré à Francis Jammes datant de 1997, il devenait en effet nécessaire de réunir en un lieu, fût-il de papier, amateurs et chercheurs susceptibles, chacun dans leurs domaines et spécialités, d’éclairer davantage l’œuvre du poète et de mieux définir la place qui fut la sienne dans l’histoire de la poésie et de la littérature.

Le titre de ce premier Cahier, "la révolution Francis Jammes (1894-1914)", doit se comprendre à l’aune de cette ambition. 1894 : Le symbolisme triomphe. Francis Jammes a déjà fait paraître, à compte d’auteur et tirées à très-petit nombre, quatre minces plaquettes. Il en a adressé, d’Orthez, quelques exemplaires à des personnalités choisies du monde des lettres parisiennes qui, à leur tour, les font connaître : François Coppée, Stéphane Mallarmé, André Gide, Remy de Gourmont, etc. Il y a dans ces vers à la métrique personnelle, exaltant une vie simple et non exempts, toutefois, d’images audacieuses, un souffle nouveau. Cette poésie, consciemment ou inconsciemment, annonce la crise des valeurs symbolistes qui va éclater deux ans plus tard avec l’avènement du Naturisme, les évolutions des meilleurs écrivains du mouvement de 1886 (Vielé-Griffin, de Régnier, Remy de Gourmont, Gide, etc.) et la naissance d’une génération nouvelle qui reconnaîtra en l’auteur de De l'Angelus de l’Aube à l’Angelus du Soir un maître. C’est en ce sens que l’apparition de Francis Jammes dans le champ littéraire de la fin du XIXe siècle nous paraît s’apparenter – tout en laissant place au débat – à une révolution poétique, se nourrissant de toutes les critiques antérieures adressées aux excès symbolistes et se poursuivant dans les premières années du siècle nouveau qu’elle contribue à définir.

Les premiers articles recueillis ici s’intéressent aux relations de Francis Jammes avec ses confrères. Jean-Louis Meunier met en évidence d’abord, s’appuyant sur des lettres inédites, combien les débuts du poète ne passèrent pas inaperçus auprès de certains grands aînés comme Georges Rodenbach qui jouissait alors d’un renom mérité. Le poète belge et le jeune poète d’Orthez nouèrent une relation d’estime réciproque. Celle de Jammes avec Marcel Schwob fut d’amitié et d’admiration. L’auteur du Livre de Monelle fut un soutien important de Francis Jammes ; et l’analyse que fait Bruno Fabre de leur correspondance, également inédite, révèle l’"affectueuse connivence" qui liait ces deux poètes aux univers pourtant si différents. Les échanges chaleureux, dont il ne subsiste malheureusement que deux lettres, de Saint-Pol-Roux et de Francis Jammes, auraient aussi de quoi surprendre ; mais les deux poètes ne partageaient-ils pas, comme nous le relevons, un identique amour de la nature à l’origine d’une poésie empreinte de naïveté ? Sylvie Gazagne revient, quant à elle, sur la rencontre décisive avec Claudel et souligne les particularités de chacune des deux œuvres issues de la conversion au dogme catholique : la poésie de Jammes se veut toujours proche de l’humanité, de ses malheurs et de ses souffrances, quand celle de Claudel, plus intellectuelle, se nourrit d’un questionnement philosophique et théologique. Autre rencontre, essentiellement textuelle celle-ci, celle de Francis Jammes et de Marcel Proust. Après avoir rappelé combien les imaginaires des deux hommes étaient proches, et la possible influence que Jammes exerça sur Proust, Than-Vân Ton-That analyse le rêve célèbre du narrateur dans Sodome et Gomorrhe et donne, avec le concours de Freud et de Flaubert, une explication de l’énigmatique phrase : "cerfs, cerfs, Francis Jammes, fourchette".

Les revues de "jeunes" jouèrent un rôle essentiel dans les dernières années du XIXe siècle et les premières du suivant. Pierre Lachasse met en évidence la stratégie littéraire que les collaborations de Francis Jammes à la Revue blanche, au Mercure de France et à l’Ermitage dessinent afin de donner à l’œuvre les meilleures chances d’exister et de rayonner alors même que l’espace réservé à la poésie dans ces périodiques se réduit. Shirley W. Vinall étudie plus particulièrement l’influence que les poèmes de Jammes purent avoir sur le mouvement de la "Renaissance latine" dont l’Anthologie-Revue de France et d’Italie fut un des organes. Représentative de la place du poète à cette époque, la revue accueille dans ses pages les tenants d’un retour au classicisme et quelques débutants, comme Marinetti, en quête de modernité, tous admirateurs de Francis Jammes. Vincent Gogibu, dans la première partie d’un article qui sera complété dans le prochain Cahier, s’attarde sur les relations difficiles d’André Gide et de Jammes autour de la création et des balbutiements de la N.R.F. Le besoin de s’imposer, malgré la distance qui le sépare de Paris, dans les milieux littéraires apparaît également à travers l’usage fréquent d’aphorismes ou d’énoncés gnomiques dans les lettres adressées à d’autres écrivains. Stéphanie Bertrand y voit un souci de "manifester", c’est-à-dire de s’affirmer auprès de l’autre et de le convaincre.

Il aura fallu assez peu de temps à Francis Jammes pour se faire un nom et créer autour de son œuvre – non sans, naturellement, inspirer quelques critiques – un véritable engouement qui ne tarda pas à le distinguer comme un des représentants les plus doués de la "poésie nouvelle". Nombreux sont les jeunes, à l’aube du XXe siècle, qui reconnaissent en lui un maître et s’inscrivent dans son sillage. Patricia Izquierdo relève ainsi les traces de l’influence de Francis Jammes sur quatre poétesses : Anna de Noailles, Cécile Sauvage, Marguerite Burnat-Provins et Marie Dauguet, toutes redevables au Cygne d’Orthez. Mais le rayonnement du poète dépassa les simples frontières hexagonales et son œuvre fut lue, appréciée, commentée, discutée, notamment par les jeunes écrivains du courant moderniste anglo-saxon, ainsi que le montre Antoine Piantoni dans son étude détaillée – la dernière de ce Cahier – sur la réception de la poésie de Francis Jammes en Angleterre et aux États-Unis.

Dans la partie "Documents", le lecteur trouvera des compléments à certaines études. Ainsi, prolongeant son article sur Francis Jammes et Marcel Schwob, Bruno Fabre présente et annote six lettres choisies dans leur correspondance inédite. Antoine Piantoni propose une traduction du bel article de Richard Buxton, qui illustre parfaitement ce que fut la réception anglo-saxonne de l’œuvre de Jammes. "Gourmont ou Jammes ?" s’interroge Christian Buat à propos d’une photographie reproduite dans la monographie que Pierre de Querlon consacra à Remy de Gourmont, et censée représenter ce dernier à l’âge de trente ans. La ressemblance est frappante… avec Jammes, alors même que Gourmont ne s’y reconnaît pas. Kensaku Kurakata, enfin, nous conduit au Japon et dresse la bibliographie des traductions japonaises de Francis Jammes, prouvant l’intérêt relativement précoce des Japonais pour sa poésie et pour ses romanesques jeunes filles.

Au seuil de ce Cahier, il nous faut également signaler à l’attention du lecteur, les trois contributions graphiques de Marc Brunier Mestas, Huguette Lendel et Lolita M’Gouni, artistes contemporains qui nous ont fait le plaisir et l’honneur de créer spécialement pour cette première livraison trois magnifiques images inspirées par l’œuvre de Jammes.

Nous remercions tous les contributeurs qui ont rendu ce numéro possible. Nos remerciements vont aussi à l’Association Francis Jammes, à la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet et aux A.M.L. de la Bibliothèque Royale de Belgique, qui nous ont permis de consulter ou qui nous ont communiqué des documents essentiels à la réalisation de ce numéro. Le deuxième, déjà, est en préparation : les propositions pour le premier ayant été nombreuses et toutes n’ayant pu nous parvenir à temps, elles paraîtront dans le suivant qui continuera d’étudier d’autres aspects de la révolution Francis Jammes.
Mikaël LUGAN.
(1) Les Géorgiques chrétiennes (Francis Jammes) – Centenaire de la parution (1912-2012), Orthez, Association Francis Jammes, 2e trimestre 2012. Le bulletin se compose de trois études consacrées au grand recueil catholique du poète : "“Il faut travailler pour le siècle futur” / Les Géorgiques chrétiennes de Francis Jammes", par Jacques Le Gall ; "Les Géorgiques : Virgile, Francis Jammes, Claude Simon", par Denise Gellini ; "Le souffle marin des Géorgiques", par Hélène Charpentier. Ces trois études sont suivies d’une quatrième intitulée "Le Livre de Saint-Joseph : une autobiographie spirituelle", par le Frère Marc Doucet, qui s’intéresse à une œuvre plus tardive de Jammes.

jeudi 24 octobre 2013

SPICILÈGE (CAHIERS MARCEL SCHWOB) N° 6 - 2013

N° 6 - Octobre 2013
[Date de publication : Octobre 2013 - Couverture : Imprimée en noir sur papier blanc (Titre, Sous-Titre, Numéro, Date, Illustration en noir couvrant le dos) - 2e de couverture : Sous-Titre, Mention de périodicité ("Publication annuelle de la Société Marcel Schwob"), Adresse, Directeurs de la Publication, Comité de rédaction, Correspondants étrangers, Réalisation de la maquette, Vente au numéro, ISSN - 3e de couverture : Société Marcel Schwob (site, Fondation, But, Conseil d’Administration, Adhésion) - 4e de couverture : Suite de l'illustration, signature autographe de Marcel Schwob - Page [1] : muette - Page [2] : muette - Page [3] : Faux-Titre (Titre, Sous-Titre, Numéro, Illustration représentant une main tenant un livre ouvert, Année, Éditeur [Édites par la Société Marcel Schwob], Paris) - Page [8] : muette - Pages [61-62] : muettes - Page [132] : muette - Pages [148] : muette - Pages [176-177] : Contributeurs - Page [180] : Achevé d'imprimer, imprimeur - Pagination : 180 pages]
Sommaire
*** : Monelle et les Autres, dessin [illustration de la couverture du roman pour la jeunesse de Geneviève de Brisac, légendée comme suit : "La romancière Geneviève de Brisac, auteure d'une série de petits romans de jeunesse, Monelle et les baby-sitters (1992), Monelle et les footballeurs (2000) et Monelle et les autres (2002), écrit : "Le Livre de Monelle est très important pour moi (l'instant, l'enfance, la beauté, tout cela). Et Marcel Schwob est probablement un lointain cousin. Je devais me nommer Monelle, à ce que je sais, et j'ai toujours rêvé à cette petite fille double" (6 février 2012)."] (p. [4])
Agnès Lhermitte : Éditorial, article [en épigraphe, citation de Raymond Queneau : "Si tu t'imagines, fillette, fillette..."] (p. [5]-6)
DOSSIER LES SŒURS DE MONELLE
(p. [9]-60)
Léonor Fini : Illustrations pour Le Livre de Monelle, dessins (p. [10])
Émilie Yaouanq : L'art de l'esquisse et de la suggestion dans "Les Sœurs de Monelle", article (p. [11]-19)
Ricardo Godoy : "La Dame du miroir", dessin [daté "2012"] (p. [20])
Agnès Lhermitte : Les sœurs d'Ilsée, article (p. [21]-37)
Georges de Feure : "Bûchette", gravure sur bois [extrait de La Porte des rêves] (p. [38])
Jonathan Wenger : Des enfants verts aux filles de pitié : sur la réécriture schwobienne d'une anecdote médiévale, article [suivi d'une bibliographie (p. 49)] (p. [39]-49)
Ricardo Godoy : "La Rêveuse", dessin [daté "2012"] (p. [50])
Agnès Lhermitte : "La Rêveuse" et La Dernière Fée de Balzac, article (p. [51]-53)
Georges de Feure : "La Fille du moulin", gravure sur bois [extrait de La Porte des rêves] (p. [54])
Agnès Lhermitte : Trois réceptions critiques du Le Livre de Monelle : Arsène Alexandre (1894), Charles Keller (1894), Roger Judrin (1959), article [suivi de la retranscription des trois articles : voir ci-dessous] (p. [55]-56)
Arsène Alexandre : Chroniques d'aujourd'hui. Le Livre de Monelle, compte rendu (p. 56-58)
[Charles] K[eller]. : Le Livre de Monelle, par Marcel Schwob (Léon Chailley, éditeur), compte rendu [in "Nos Lectures", La Lorraine artiste, n° 31, Nancy, 29 juillet 1894] (p. 58-59)
Roger Judrin : Marcel Schwob : Le Livre de Monelle (Mercure de France), compte rendu [in "Notes", La Nouvelle revue française, octobre 1959] (p. 59-60)
RÉSONANCES AUTOUR DE MONELLE
(p. [63]-131)
Georges de Feure : "Bargette", gravure sur bois [extrait de La Porte des rêves] (p. [64])
Michel Suffran : Trois sœurs de Monelle, adaptation radiophonique [précédée la présentation suivante : "Dans Monelle la nuit de Marcel Schwob, son adaptation radiophonique réalisée en 1962, Michel Suffran récrit l'histoire de la quête de Monelle par le héros. La voix de Monelle disparue enjoint à ce "Passant", objectivation mythique du narrateur schwobien, de la chercher à travers le monde, et à travers ses sœurs. Leur dialogue, réparti en quatre séquences, encadre trois parties consacrées respectivement aux trois soeurs retenues dans la série originelle : "Bargette" ("La Déçue"), "Marjolaine" ("La Rêveuse") et "Ilsée" ("La Prédestinée"). La recréation de ces trois "sœurs de Monelle" est reproduite ici avec l'aimable autorisation de l'auteur." - deuxième, quatrième et sixième séquences] (p. [65]-91)
Hervé Duetthe et Rose Coogan : Les sœurs de Monelle, sculptures [datées "2009" - cliché H. Duetthe] (p. [92])
Hervé Duetthe, Rose Coogan : "Les soeurs de Monelle", hommage plastique à Marcel Schwob, article et entretien [précédé d'une présentation par Agnès Lhermitte - l'entretien avec Rose Coogan a été réalisé par Agnès Lhermitte - illustré (p. 94, 98, 99) de photographies des sculptures] (p. [93]-99)
E. Guibert et David B. : Le Capitaine écarlate, dessin [reproduction de la couverture de l'album (2000)] (p. [100])
Bruno Fabre : Le Livre de Monelle et la bande dessinée, article [illustré de vignettes (p. 102, 104, 107, 109, 111) et suivi d'une bibliographie (p. 111)] (p. [101]-111)
Mandragore : Petite flamme menteuse, dessin [reproduction de la couverture de l'album (2006)] (p. [112])
Mandragore : Marcel Schwob, article [suivi d'une vignette (p. [115])] (p. [113]-114)
Ricardo Godoy : Monelle, dessin [daté "2012"] (p. [116])
Bruno Fabre : Poème d'hier : "Adieux à Monelle" (1904) de Jean-Marc Bernard, article [suivi de la retranscription du poème : voir ci-dessous] (p. [117]-118)
Jean-Marc Bernard : Adieux à Monelle, poème en vers libres [Pour Louis Dumont - en épigraphe, citation du Livre de Monelle de Marcel Schwob : "Tu effaceras avec ton pied gauche la trace de ton pied droit." - daté "Valence, décembre 1904" - paru dans Revue littéraire de Paris et de Champagne, n° 25, avril 1905] (p. 118-119)
Ricardo Godoy : Monelle, dessin [daté "2012"] (p. [120])
Bruno Fabre : Poèmes d'ailleurs : Monelle dans la poésie espagnole contemporaine, anthologie [présentation et notice par Bruno Fabre - voir poètes ci-dessous] (p. [121]-131)
Eduardo Lizalde : Lamentacion por una perra / Monelle (p. 122) ; Otra vez Monelle [en épigraphe, citation du Marquis de Sade : "Un poco mas franceses y seréis republicanos."] (p. 122-123), poèmes (p. 122-123)
Leopoldo Maria Panero : Condesa morfina, poème (p. 124-126)
Luis Alberto de Cuenca : El Libro de Monelle, poème (p. 127-128)
Luis Benitez : A Marcel Schwob, poème (p. 129)
Ruth Llana : I. Dentro del corazon... [en épigraphe, citation du Livre de Monelle : "Monelle me trouva dans la plaine où j'errais et me prit par la main. - N'aie point de surprise, dit-elle, c'est moi et ce n'est pas moi ; Tu me retrouveras encore et tu me perdras."] ; II. Me es imposible amarla... [en épigraphe, citation du Livre de Monelle : "Et je regardai par la plaine et je vis se lever les sœurs de Monelle."] (p. 130) ; Un arbol te observa... (p. 131), poèmes (p. 130-131)
MŒURS DES DIURNALES
(p. [133]-147)
Émile Cohl : Couverture du catalogue des Arts incohérents, dessin [détail - daté "1893"] (p. [134])
Alain Chevrier : Sur la bibliothèque imaginaire de Marcel Schwob dans Mœurs des Diurnales, article (p. [135]-147)
DOCUMENTS
(p. [149]-171)
*** : Octave Uzanne, photographie (p. [150])
Bertrand Hugonnard-Roche : Octave Uzanne et Marcel Schwob : une relation sensible et bibliophilique, article [suivi d'annexes : voir ci-dessous] (p. [151]-159)
Octave Uzanne : "Hommes et choses : Marcel Schwob" [paru dans La Dépêche de Toulouse, 3 mars 1927, p. 1] (p. 160-163) ;  "Causeries : Les Diurnales - Essai sur les Défaillances du Journalisme" [extraits - paru dans La Dépêche de Toulouse, 19 septembre 1903, p. 1-2] (p. 164-165), articles (p. 160-165)
Georges de Feure : La Porte des rêves, gravure sur bois [page de titre de l'ouvrage (1898)] (p. [166])
Octave Uzanne : Cinq lettres à Marcel Schwob, lettres [transcription par Bruno Fabre - datées "Paris, ce 18 juillet 1895", "4 août 1895", "Paris, 26 février 1896", "Paris, 11 août 1897", "Paris, 14. XI. 97" - reproduction de la troisième et dernière lettres (p. 168 et 171)] (p. [167]-171)
A[gnès]. L[hermitte]., B[runo]. F[abre]. : Glanures [en regard de la première page, reproduction de "Les petites filles", gravure sur bois par Félix Vallotton, 1893 (p. [172]) - Marcel Schwob, La Croisade des enfants, suivi de Nouvelles de L’Écho de Paris, Angoulême, éditions Marguerite Waknine, "Les cahiers de curiosités", 2013 ; Marcel Schwob, La Estrella de madera, introduccion y traduccion de Luis Gonzales Platon, Madrid, Ediciones sequitur, 2009 - signé A. L. (p. [173]) ; Marcel Schwob, El libro de Monelle, traduccion y prologo de Luna Miguel, Madrid, Ediciones Demipage, 2012 - signé A. L. (p. 174) ; Christian Berg, L'automne des idées - Symbolisme et Décadence à la fin du XIXe siècle en France et en Belgique, Études réunies par Kathleen Gyssels, Sabine Hillen, Luc Rasson et Isa Van Acker, Louvain, Éditions Peeters, 2013 - signé A. L. (p. 174-175) ; Bruno Fabre, "Francis Jammes et Marcel Schwob : une affectueuse connivence", suivi de "Choix de lettres échangées entre Francis Jammes et Marcel Schwob", Cahiers Francis Jammes, n° 1, dir. Mikaël Lugan, Orthez, Association Francis Jammes, 2012 - signé A. L. (p. 175) ; Sylvie Ballestra-Puech, "Hybride et métamorphose. De l'Arachné ovidienne à la femme-araignée", in Ovide, figures de l'hybride. Illustrations littéraires et figurées de l'esthétique ovidienne à travers les âges, ét. réunies par Hélène Casanova-Robin, Paris, Champion, 2009 - signé B. F. (p. 175)], comptes rendus (p. [172]-175)
*** : Table des Matières (p. [178]-[179])
Document
"Éditorial"
Si tu t’imagines, fillette, fillette...
Raymond Queneau
Spicilège n° 5 explorait la figure de Monelle. Ce numéro le prolonge en s’attachant plus particulièrement aux "Sœurs de Monelle" qui "se lev[èrent]", dans la deuxième partie de l’ouvrage, et l’une après l’autre "s’embarqu[èr]ent sincèrement pour le pays des mensonges(1)". Ces "petites filles", noyau sériel qu’est venu ensuite enserrer l’histoire de Monelle pour constituer le triptyque définitif, semblent avoir été primitivement un projet en soi où Jules Renard voyait "un livre qui comptera" (lettre à Schwob du 8 janvier 1893). Annoncées par les héroïnes de certains contes antérieurs ("Fleur de Cinq pierres", "Maïe", "Cruchette"...), puis par les jeunes prostituées (Ann, Sonia…) des "Paroles de Monelle", les onze "enfantines" aux têtes farcies de contes s’égarent sous le signe d’une libido toute neuve, élémentaire et parfois perverse. Ces toutes petites femmes, entre Alice Lidell et Lolita, ont troublé bien des lecteurs et fait rêver bien des lectrices. Certaines, prenant Monelle comme "pseudo" sur la toile, reproduisent d’ailleurs l’identification ambiguë des sœurs à leur modèle, tandis que la jeune héroïne de Geneviève Brisac, dernier avatar bien positif cette fois, assure dans la littérature de jeunesse actuelle la survie du nom de Monelle.
Inaugurant le DOSSIER qui leur est consacré, Émilie Yaouanq analyse l’art de la suggestion dans cette série de récits intrinsèquement poétiques. Puis sont abordées certaines sources et/ou accointances de trois d’entre eux : "La Prédestinée" (Ilsée et bien d’autres Ilsées, du Romantisme allemand à nos jours), "La Rêveuse" et, grâce à l’érudition de Jonathan Wenger, "La Sauvage". Enfin trois articles critiques montrent, d’un siècle à l’autre, l’évolution de la réception du Livre de Monelle, et en particulier de sa partie centrale.
En RÉSONANCES, nous publions les variations que Michel Suffran propose, dans son adaptation radiophonique Monelle de la nuit, de trois des récits ("La Déçue", "La Rêveuse" et "La Prédestinée"). Deux sculpteurs, Hervé Duetthe et Rose Coogan, se sont associés pour ériger sept mystérieuses Sœurs de Monelle en hommage à une œuvre qui "inaugure la modernité en littérature". Si Le Livre de Monelle dans son ensemble a été peu illustré, les "Sœurs de Monelle" ont davantage inspiré les dessinateurs. Georges de Feure leur a consacré dans La Porte des rêves quelques planches qui les enferment dans des décors saturés de symbolisme. Soixante ans plus tard, Léonor Fini esquisse au contraire sur des pages blanches des silhouettes graciles, corps dénudés mais vides de chair d’ingénues impudiques. Plus récemment encore, Ricardo Godoy les croque avec un onirisme plus noir. Bruno Fabre montre que les auteurs de bandes dessinées ne sont pas en reste : Emmanuel Guibert adapte "La Voluptueuse" et, associé à David B., donne corps à Monelle dans une aventure fictive de Marcel Schwob, tandis que Mandragore joue, dans deux volumes inspirés par le Paris fin-de-siècle, sur cette figure mystérieuse. Monelle suscite enfin des échos divers chez les poètes : un poème de Jean-Marc Bernard prend dès 1904 le contre-pied du message de Monelle, alors que plusieurs poèmes de langue espagnole lui rendent hommage tout au long du siècle.
MŒURS DES DIURNALES : En décryptant les sous-entendus de la bibliothèque imaginaire bâtie par Schwob dans Mœurs des Diurnales, Alain Chevrier ouvre le chantier que mérite ce traité satirique rabelaisien encore trop peu étudié, et rappelle justement l’humour volontiers scatologique de l’auteur.
DOCUMENTS : Bertrand Hugonnard-Roche esquisse les relations entretenues par Marcel Schwob avec l’éditeur bibliophile Octave Uzanne. Son étude est complétée par les deux articles consacrés par Uzanne à Schwob, notamment à la parution de Mœurs des Diurnales, et par leur brève correspondance.
Pour finir, quelques GLANURES recensent les récentes publications concernant Marcel Schwob.
Agnès LHERMITTE
(1) Raymond Schwab, "Marcel Schwob, le maître au masque d'or", Mercure de France, vol. 81, 1er juillet 1910, p. 29.

mercredi 23 octobre 2013

SPICILÈGE (CAHIERS MARCEL SCHWOB) N° 5 - 2012

N° 5 - Novembre 2012
[Date de publication : Novembre 2012 - Couverture : Imprimée en noir sur papier blanc (Titre, Sous-Titre, Numéro, Date, Illustration en noir couvrant le dos) - 2e de couverture : Sous-Titre, Mention de périodicité ("Publication annuelle de la Société Marcel Schwob"), Adresse, Directeurs de la Publication, Comité de rédaction, Correspondants étrangers, Réalisation de la maquette, Vente au numéro, ISSN - 3e de couverture : Société Marcel Schwob (site, Fondation, But, Conseil d’Administration, Adhésion) - 4e de couverture : Suite de l'illustration, signature autographe de Marcel Schwob - Page [1] : muette - Page [2] : muette - Page [3] : Faux-Titre (Titre, Sous-Titre, Numéro, Illustration représentant une main tenant un livre ouvert, Année, Éditeur [Édites par la Société Marcel Schwob], Paris) - Page [7] : muette - Page [12] : muette - Page [91] : muette - Pages [103-104] : muettes - Page [131] : muette - Pages [137-138] : muettes - Page [155] : muette - Page [185] : muette - Page [189] : muette - Page [199] : muette - Pages [206-207] : Contributeurs - Page [210] : Achevé d'imprimer, imprimeur - Pagination : 210 pages]
Sommaire
Ricardo Godoy : Monelle, frontispice [daté "2012"] (p. [4])
Agnès Lhermitte : Éditorial, article [en épigraphe, citation de Pelléas et Mélisande de Maeterlinck : "Mélisande : La vérité... La vérité..."] (p. [5]-6)
Florence Delay : Vers le Royaume blanc, article [en regard de l'article, p. [8], reproduction de la couverture d'El libro de Monelle aux éditions Nostromo, légendée : "le visage pur bien que fardé d'une Mélisande qui regarde juste au-dessous du ciel." - chapeau précédant l'article : "L'article suivant, publié par Florence Delay le 20 mai 1976 dans Les Nouvelles littéraires, est reproduit avec l'aimable autorisation de son auteure." - en pied d'article, reproduction de la couverture de Le Livre de Monelle aux éditions du Livre de Poche, légendée : "un dessin de petite fille nue, yeux fermés, de Leonor Fini"] (p. [9]-11)
DOSSIER LE LIVRE DE MONELLE
(p. [13]-[102])
Jordi : Das Buch von Monelle, dessin [illustration de la couverture de l'édition allemande] (p. [14])
Agnès Lhermitte : Le Livre de Monelle : quelques éléments de génétique textuelle, article [avec reproduction de pages du brouillon du Livre de Monelle (p. 19, 21, 23) - en pied d'article, vignette extraite de Le Capitaine écarlate (2000) d'E. Guibert et David B.] (p. [15]-34)
Marcel Schwob : "Les petites prostituées", conte [annexe à l'article précédent : version de L’Écho de Paris, samedi 4 novembre 1893, p. 1-2 avec indications des suppressions et modifications apportées lors de la reprise en volume] (p. 35-37)
Ricardo Godoy : Monelle, dessin [daté "2012"] (p. [38])
Alexia Kalantzis : Le Livre de Monelle et ses enjeux génériques : proposition d'une lecture de l’œuvre comme recueil, article [en épigraphe, citation de Le IIe Livre des Masques de Remy de Gourmont : "Entre les différents écrits de M. Schwob, conte, histoire, analyse psychologique, je ne fais d'abord aucune distinction, afin de me conformer à sa méthode, à laquelle je crois."] (p. [39]-53)
Wilhelm von Gloeden : Fillette aux passiflores, dessin [daté "1890"] (p. [54])
Robert Ziegler : Deuil, création et souvenir dans Le Livre de Monelle, article [Adapté et traduit de l'américain par Agathe Salha - suivi d'une bibliographie (p. 75)] (p. 55-75)
E. Guibert et David B. : Le Capitaine écarlate, vignette [datée "2000"] (p. [76])
Valérie Michelet-Jacquod : Livre tombeau, livre berceau : poétique du deuil dans Le Livre de Monelle, article (p. [77]-90)
Bruno Fabre : Bibliographie sur Le Livre de Monelle, bibliographie [en regard de la première page de la bibliographie, reproduction (p. [92]) de la couverture d'El Libro de Monelle aux éditions longseller] (p. [93]-102)
DOCUMENTS
(p. [105]-136)
Ricardo Godoy : Monelle, dessin [daté "2000"] (p. [106])
Bruno Fabre : Louise-Vise : de la réalité à la fiction, article [suivi de lettres et extraits de lettres de Schwob à Mirbeau, W. G. C. Byvanck, Marguerite Moreno, du médecin de Jules Renard, de Louise-Vise, de Jean Lorrain, de Jules Renard, d’Édouard Julia, du père de Louise-Vise à Schwob ; et d'extraits du Journal de Jules Renard (p. 111-115)] (p. [107]-115)
Bruno Fabre : Correspondance autour du Livre de Monelle / Lettres reçues par Marcel Schwob, lettres [précédées d'une présentation par Bruno Fabre (p. [117]-118) - en regard de la première page de la présentation, reproduction (p. [116]) de la couverture de Le Livre de Monelle, chez Chailley (1894) - lettres de : Maurice Beaubourg (p. 119), Paul Claudel [datée "Boston, 12 juillet 1894"] (p. 119-120), Camille Claudel (p. 120), Colette, François Coppée [datée "La Fraizière, 11 juillet 1894"] (p. 121), Alphonse Daudet, Léon Daudet, Anatole France (p. 122), Stanislas de Guaita (p. 123), Maurice Maeterlinck, Stéphane Mallarmé [datée "Valvins, 17 octobre] (p. 124), Camille Mauclair [2 lettres] (p. 124-125), Pierre de Nolhac [datée "27 juin"], Max Nordau [datée "29 juin 1894"] (p. 126), Henri de Régnier [datée "juillet 1894"] (p. 126-127), Jules Renard [datée "29 juin 1894"] (p. 127-128), Georges Rodenbach (p. 128), Marcelle Tinayre [2 lettres] (p. 128-129), J. Weber (p. 129-130)] (p. [100])
Vincent Gogibu : Une critique de Marcel Schwob dans L'Occident, article [en regard de la première page de l'article, reproduction (p. [132]) de la couverture du n° de L'Occident] (p. [133]-134)
Raoul Narsy : Propos, article [reproduction de l'article paru dans le n° 25 de décembre 1903 de L'Occident, dont il est question ci-dessus] (p. 135-136)
RÉSONANCES
(p. [139]-198)
Bruno Fabre : "Des vers pour Monelle" : La Chambre blanche d'Henry Bataille, article [en regard de la première page de l'article, reproduction (p. [140]), du masque d'Henry Bataille, par Félix Vallotton, pour Le IIe Livre des Masques de Remy de Gourmont (1898)] (p. [141]-143)
Bruno Fabre : Tancrède de Léon-Paul Fargue et Le Livre de Monelle, article [en regard de la première page de l'article, reproduction (p. [144] du Tancrède, par Lucien Launay, pour la revue Pan (1895) - reproduction, dans le texte (p. 147, 149), de deux bois de Maurice Delcourt] (p. [145]-149)
Jean-Louis Meunier : La lettre et l'esprit : Maurice Delage et son adaptation mélodique d'un fragment du Livre de Monelle, article [en regard de la première page de l'article, reproduction (p. [150]) d'une pochette pour les mélodies de Maurice Delage] (p. [151]-154)
E. Guibert et David B. : Le Capitaine écarlate, vignette [datée "2000"] (p. [156])
Agnès Lhermitte : Monelle sur les ondes : deux adaptations radiophoniques, article (p. [157]-162)
Michel Suffran : Monelle de la nuit, adaptation radiophonique [en épigraphes, citations de Emily Dickinson : "Je suis personne ; qui es-tu ? / Es-tu personne, toi aussi ? / Nous sommes donc deux - n'en dis rien / On nous chasserait, tu le sais.", et de La Cocktail-party de T. S. Eliot : "Il ne sert certainement à rien de rester dans le noir, / A moins que l'on n'y reste assez longtemps pour débarrasser l'esprit / De l'illusion d'avoir jamais été dans la lumière." - retranscription des première et dernière séquences - en pied de texte, vignette d'E. Guibert et David B. pour Le Capitaine écarlate] (p. [163]-184)
Ricardo Godoy : La Voluptueuse, dessin [daté "2012"] (p. [186])
Agnès Lhermitte : Monelle au théâtre : l'adaptation de Zouzou Leyens, article (p. [187]-188)
Agnès Lhermitte : La Voix de Monelle, par Martin Moulin, article [en regard de la première et de la dernière pages de l'article, reproduction (p. [190], 193) d'une page de la partition de La Voix de Monelle (2001) de Martin Moulin] (p. [191]-192)
Stéphane Diemer : Vers un autre royaume, article [illustré (p. [194], 196, 198) de trois photographies de l'auteur] (p. [194]-198)
A[gnès]. L[hermitte]., B[runo]. F[abre]. : Glanures [en regard de la première page, reproduction de la couverture de Der Kinderkreuzzug aux éditions Elfenbein (p. [200]) - Marcel Schwob, Der Kinderkreuzzug, traduit par Arthur Seiffhart, postface de Gernot Krämer, Berlin, Elfenbein Verlag, 2012 - signé A. L. (p. [201]) ; The Book of Monelle, trans. with an aftermord by Kit Schluter, Cambridge, Wakefield Press, october 2012 - signé B. F. (p. [201]) ; Evanghélia Stead, La Chair du livre - Matérialité, imaginaire et poétique du livre fin-de-siècle, PUPS, coll. "Histoire de l'imprimé", 2012 - signé B. F. (p. [201]-202) ; Borges-Francia, dir. Magdalena Campora y Javier Roberto Gonzalez, Buenos Aires, Facultad de Filosofia y Letras, Universidad Catolica Argentina, Ed. Selectus SRL, 2011 - signé A. L. (p. 202-203) ; Alexia Kalantzis, Remy de Gourmont créateur de formes. Dépassement du genre littéraire et modernisme à l'aube du XXe siècle, Paris, Honoré Champion, coll. "Romantisme et modernités", n° 130, 2012 - signé A. L. (p. 203-204) ; David B. et Hervé Tanquerelle, Les Faux visages - Une vie imaginaire du Gang des Postiches, Paris, Futuropolis, 2012 - signé A. L. (p. 204)], comptes rendus (p. [201]-204)
E. Guibert et David B. : Le Capitaine écarlate, vignette [datée "2000"] (p. [205])
*** : Table des Matières (p. [208]-[209])
Document
"Éditorial"
MÉLISANDE
La vérité... La vérité...
Marcel Schwob, esthète amoureux d’une ouvrière, – c’est Monelle –, a pu prêter quelque trait à Swann : Il s’était tant attardé avec la jeune ouvrière avant d’aller chez les Verdurin. Et puis ce nom : Marcel Schw...
Et des heures de Samoa, il ne rapportait guère qu’un petit poème en prose […] qu’il a transcrit dans un cahier d’écolier : Dans ce temps, Mona était allongée sur le pont du navire... 
Ces deux anecdotes prêtent à sourire. La première, recueillie sur un disque rassemblant des mélodies "A la recherche du temps de Proust", est pour le moins hasardeuse. La seconde, due au biographe Pierre Champion, a été corrigée par Sylvain Goudemare qui nous invite, dans son édition de ce texte, à lire Maua et non "Mona". Mais toutes deux montrent combien, dans l’imaginaire des lecteurs, Marcel (Schwob) et Monelle restent indissociablement liés, prêts à rejoindre, dans une version poétique, d’autres couples littéraires mythiques, comme le souligne Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe. Concernant le personnage féminin, les sources biographiques s’avèrent pourtant bien décevantes : ni muse ni Galatée, ni artiste ni femme fatale, la pâle grisette ne sort de la clandestinité qu’à sa mort. Devenue objet de deuil et d’écriture, elle rejoint, sous les espèces vaporeuses d’une pythie enfantine, la cohorte des petites prostituées touchantes qui jalonnent le siècle.
Du Livre de Monelle continue à émaner le charme ténu et voilé d’une petite lampe visible de quelques passants initiés, voyants ou sensibles. Comme à l’époque, le mystère de ce livre fascine, irrite parfois ; il intrigue les chercheurs, inspire les artistes, suscite nombre de rééditions numériques ; il remplit les pages de ce cinquième Spicilège, sans que les articles en épuisent le sens, tant s’en faut. Ainsi, l’approche philosophique des "Paroles de Monelle" reste à faire sérieusement. Cependant, nous espérons, avec les contributions suivantes, enrichir la lecture de cet ouvrage. 
Le DOSSIER comprend quelques articles généraux : une présentation de Florence Delay, une analyse génétique fondée sur l’observation des manuscrits, brouillons et prépublications, une étude d’Alexia Kalantzis sur la poétique du recueil et deux lectures d’inspiration psychanalytique, dues respectivement à Valérie Michelet Jacquod et à Robert Ziegler, qui abordent la relation deuil / écriture. Enfin la BIBLIOGRAPHIE relative à cet ouvrage révèle l’intérêt qu’il a suscité à l’étranger comme en France, chez les lecteurs, les critiques et les artistes.
Quelques DOCUMENTS évoquent la jeune Louise (Vise), modèle réel et presque inconnu de Monelle. Ils sont réunis et analysés par Bruno Fabre, ainsi que l’abondante correspondance adressée à Marcel Schwob lors de la parution du Livre de Monelle. Vincent Gogibu présente une critique inédite due à Raoul Narsy.
Les RÉSONANCES montrent à la fois la fécondité du Livre de Monelle et sa grande plasticité générique. Depuis les contemporains de Schwob jusqu’à nos jours, des artistes en tous genres s’inspirent de la figure de Monelle – Breton (Nadja) et Leiris (Aurora), déjà – de la série des sœurs, du conte d’amour et de mort, des paroles sibyllines. La poésie d’Henry Bataille (La Chambre blanche) et de Léon-Paul Fargue (Tancrède) leur offre un premier écho mélancolique. Aux deux extrémités du siècle, deux compositeurs mettent en musique un passage choisi : Jean-Louis Meunier commente la mélodie que Maurice Delage a créée sur quelques phrases du narrateur de "De sa Patience", tandis que Martin Moulin a retenu trois phrases des "Paroles de Monelle" comme point de départ d’une œuvre pour soprano, chœur mixte et orchestre. Les discours, la stylisation, le rythme du livre sont porteurs d’une virtualité théâtrale mise en forme par des créations diverses : des pièces radiophoniques comme Monelle de la nuit, de Michel Suffran, ou des spectacles comme Monelle de la Belge Zouzou Leyens. Un photographe (Stéphane Diemer) suggère des correspondances entre l’univers fantasmatique de ses photographies et celui de Marcel Schwob. Et pour finir, nous remercions notre ami argentin Ricardo Godoy d’avoir composé pour ce numéro des dessins originaux consacrés au Livre de Monelle.
Agnès LHERMITTE
Signe de l'intérêt porté à cet ouvrage, le nombre des contributions qui nous sont parvenues sur Le Livre de Monelle nous a décidés à reporter au numéro 6 de Spicilège l'ensemble des articles consacrés plus spécifiquement aux "Sœurs de Monelle".